Comment intégrer la résilience aux changements climatiques à la planification des infrastructures rurales?

Auteurs: Amber Davidson, Michael Twycross
aerial view of a green field

La mission

Les phénomènes climatiques et météorologiques sont à la hausse; les perturbations et pertes financières qui découlent de catastrophes naturelles ne devraient que s’aggraver. Nous devons protéger les infrastructures, nouvelles et existantes, afin de diminuer le coût exponentiel de la reprise après sinistre. Plus de 40 % de la population mondiale est particulièrement vulnérable aux phénomènes météorologiques en raison du lieu où elle habite.* Ce sont 3,4 milliards de personnes habitant des milieux ruraux qui sont touchées et c’est dans ces milieux que le besoin d’intégrer la résilience climatique à la conception et la planification des projets d’infrastructures est le plus grand.

Les phénomènes climatiques et météorologiques sont à la hausse; les perturbations et pertes financières qui découlent de catastrophes naturelles ne devraient que s’aggraver.
Les dépenses reliées aux infrastructures sociales dans les régions sont peu élevées, et la reconstruction à la suite de catastrophes climatiques affecte de façon disproportionnée les communautés les plus désavantagées d’un point de vue socioéconomique. En 2020, les feux de brousse australiens ont frappé le plus durement la population des communautés en milieux ruraux. Au Canada, la fermeture d’une route causée par des inondations extrêmes dans l’ouest du pays a mené à une pénurie de nourriture et de fournitures médicales dans une ville rurale.

Douze mois après des inondations majeures, la ville régionale de Lismore dans la Nouvelle-Galles du Sud est toujours en reconstruction. L’histoire se répète partout dans le monde : les communautés rurales se retrouvent au centre des changements climatiques et doivent faire face à la chaleur extrême, à des incendies et à des inondations qui menacent la santé, la sécurité et les moyens de subsistance des habitants et des communautés. Il est compliqué de gérer la durabilité et la résilience lorsqu’il s’agit de planification et d’actifs d’infrastructures.

Ce l’est encore plus de nos jours, alors que les gouvernements tentent de stimuler leurs économies avec des projets d’infrastructures. Tous les paliers de gouvernements réagissant continuellement aux urgences immédiates, il devient difficile de considérer les besoins à long terme de solutions d’infrastructures plus durables. Comment les gouvernements peuvent-ils être plus proactifs et intégrer la résilience à même la planification de futures infrastructures afin de permettre aux milieux ruraux de s’épanouir?

Relever les défis du financement des infrastructures rurales en regardant vers le futur

Collectivement, nous devons nous efforcer de combler le fossé important qui existe entre les besoins projetés en matière d’infrastructures résilientes et les tendances actuelles de financement. Les infrastructures essentielles situées en région ont souvent besoin d’être réparées, modernisées ou remplacées, et ce, même avant de faire face à une situation critique.

Les efforts de restauration sont encore souvent déployés à la suite d’un événement dévastateur et dépendent beaucoup des programmes de financement de reprise après sinistre. En Australie, le montant impressionnant de 17 G$ a été dépensé en reprise après sinistre en 2019 et 2020; les prévisions placent les coûts économiques annuels** à plus de 39,3 G$ d’ici 2050, soit plus du double qu’ils le sont actuellement. Il s’agit souvent d’un remplacement par l’élément identique, plutôt que d’effectuer les modernisations nécessaires pour mieux protéger l’actif contre les événements climatiques.

Les efforts d’atténuation et les évaluations des infrastructures doivent fournir des pistes claires pour l’avenir et tenir compte des considérations ESG (environnement, société et gouvernance) élargies. L’étude des différentes façons d’assurer la pérennité des infrastructures jouera un rôle essentiel dans la croissance et l’épanouissement des communautés rurales. Lors de la reconstruction d’infrastructures vulnérables aux futures répercussions climatiques, il faut orienter la discussion de façon à inclure de nouvelles technologies ou des sources énergétiques de rechange afin d’obtenir des résultats durables. Par exemple, une nouvelle usine de traitement des eaux usées peut être nécessaire pour remplacer celle qui subit les conséquences néfastes de l’élévation du niveau de la mer.

Ceci permet de faire évoluer l’actif de son état actuel vers une structure physique qui convertit les déchets en énergie pour la production d’électricité. De la même façon, des communautés rurales durement touchées par les feux de brousse ont appelé à repenser le transport de l’électricité afin d’améliorer la résilience. La reconstruction des lignes électriques aériennes qui ont été constamment endommagées lors d’incendies ou qui nécessitent un entretien important prend du temps et est coûteuse. Il est plus logique d’enfouir les lignes ou de s’appuyer sur un réseau mieux réparti de sources d’énergie renouvelable locales. Le fait d’avoir des conversations au cours des phases initiales de conception permet d’identifier la meilleure voie à suivre et de pouvoir l’implanter tout au long de la mise en œuvre. Le remplacement par un élément identique n’est pas toujours la meilleure solution.

Prendre des décisions fondées sur les données afin de s’adapter et de réagir de manière plus durable.

Il ne suffit pas de mettre en place des infrastructures sociales nouvelles et modernisées dans les communautés régionales pour augmenter la quantité de services; il faut aussi les améliorer. Il faut assurer la pérennité des nouveaux investissements, trouver des moyens d’en évaluer l’envergure et bien les planifier.

Bien qu’il n’existe pas d’approche unique, la méthodologie et la combinaison de stratégies, telles que des parcours d’investissement adaptatifs, créent un cadre permettant de mieux cibler les ressources et les efforts. Il est d’une importance primordiale d’aborder, de gérer et d’atténuer les répercussions des défis multifacettes afin de se conformer aux politiques et de répondre aux besoins individuels des communautés.

Mettre à profit le savoir local et l’engagement des parties prenantes sont aussi des facteurs essentiels pour favoriser la mise en place d’infrastructures en région. Une expérience de travail récente avec un client du secteur de la santé situé en Asie-Pacifique est un bon exemple des avantages d’une présence locale pour mieux cibler les moteurs du projet et les résultats souhaités, ainsi qu’une solide base de données quantitatives. En adoptant la méthode du parcours d’investissement, la solution ne consiste pas à moderniser ou à reconstruire le même élément d’infrastructure, mais plutôt à créer un actif complètement différent qui, en fin de compte, produit de meilleurs résultats pour la communauté. Les gouvernements peuvent évaluer plus efficacement les décisions à prendre, comme les coûts, les objectifs à court et à long terme, les risques, les répercussions sur l’environnement et l’acceptation par la communauté.

À l’avenir, l’accès permanent aux données et aux informations pertinentes et de qualité, ainsi que la capacité d’appliquer ces dernières de manière appropriée, permettront de faire une planification éclairée et d’accroître la fiabilité, en plus de potentiellement allonger la durée de vie des actifs et d’assurer une protection accrue aux infrastructures. En modifiant notre approche et en priorisant les options durables, nous pourrons intégrer la résilience à nos activités dès maintenant et de gérer les points faibles à long terme.

Grâce à une réponse interconnectée et coordonnée entre les gouvernements, les propriétaires d’infrastructures, le secteur privé et les investisseurs, nous pouvons être plus proactifs dans la prise des mesures nécessaires pour aider nos communautés régionales à prospérer.

Summary for Policymakers

2021 Australian Infrastructure Plan

Auteurs et autrices