Trouver le mélange idéal pour positionner le Moyen-Orient comme un chef de file mondial en matière d’hydrogène
La consommation d’énergie et la croissance économique sont inextricablement liées. Pour notre monde qui fait face à la croissance de la population et au défi d’atteindre la carboneutralité, tout en récupérant du choc économique généré par la pandémie, il reste beaucoup de pain sur la planche. Qu’il s’agisse de notre économie, de nos communautés ou de notre environnement, le succès à long terme de notre monde dépend de la transition vers des sources d’énergie plus vertes.
Des billions de dollars d’investissement dans les énergies renouvelables sont attendus dans les dix prochaines années. Cela signifie que les économies basées sur l’énergie sont engagées dans une course contre la montre pour se positionner en tant que principal exportateur mondial d’énergie verte. Grâce à des décisions éclairées et à des investissements judicieux, les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pourraient se retrouver en position de tête pour gagner cette course.
Jouissant d’une économie énergétique de longue date, de chaînes d’approvisionnement établies, d’une main-d’œuvre expérimentée et de leaders ambitieux, les pays du Moyen-Orient ont le pouvoir de remodeler complètement le paysage énergétique mondial. Cela pourrait survenir seulement s’ils parviennent à occuper la première place dans la production mondiale d’hydrogène. Il a même été estimé que d’ici 2050, l’exportation d’hydrogène vert pourrait créer jusqu’à un million d’emplois et générer jusqu’à 200 milliards de dollars pour la région. Évidemment, devenir le plus grand exportateur d’hydrogène au monde n’est pas une mince affaire.
Le mélange idéal
La mise en place d’une industrie d’hydrogène vert à grande échelle pour l’exportation ne se fera toutefois pas du jour au lendemain. Le développement doit être constant et réfléchi pour répondre à la croissance prévue de la demande.
Étant donné que le compte à rebours pour atteindre les cibles ambitieuses de carboneutralité est commencé, et qu’une transition énergétique mondiale hautement complexe s’annonce, il est loin d’être assuré que le secteur de l’hydrogène vert puisse croître suffisamment rapidement.
Créer les infrastructures physiques et numériques, sans oublier les méthodes de distribution requises pour répondre à la demande, constitue un défi immense et prendra un certain temps, même dans une région aussi agile et ambitieuse que celle du CCG. Par conséquent, améliorer la compréhension du rôle que sera appelé à jouer l’hydrogène bleu est également essentiel.
Pour favoriser une transition énergétique fluide vers un avenir décarbonisé et satisfaire à l’accélération rapide de la demande, la production des deux types d’hydrogène, bleu et vert, doit être poursuivie par l’industrie, du moins à court terme.
L’hydrogène bleu est produit par la méthode du vaporeformage de méthane, ou de reformage autothermique à partir de gaz naturel en tant qu’unique matière première. Bien que cette option génère du carbone, il est possible d’ajouter un système de captage et de stockage de carbone à l’installation. Cela empêche les émissions nocives de polluer l’atmosphère grâce au stockage sécuritaire du carbone indésirable dans des réservoirs de pétrole souterrains qui capturent du gaz naturel depuis des millénaires.
L’hydrogène vert, quant à lui, est produit en décomposant les molécules d’eau à l’aide d’un électrolyseur alimenté par de l’énergie renouvelable, évitant ainsi la génération de carbone et, par la même occasion, éliminant les besoins de captage, séquestration et stockage.
Manifestement, la solution à long terme pour répondre à la demande croissante d’énergie tout en abaissant les émissions de carbone réside dans l’hydrogène vert. Mais, l’hydrogène bleu étant plus facile et abordable à produire à l’heure actuelle, l’exploitation des deux variantes pourrait constituer l’étape intermédiaire idéale.
Non seulement la production d’hydrogène trace-t-elle un parcours clair vers la carboneutralité, mais elle signifie également que les pays du Moyen-Orient pourraient se retrouver à la tête du peloton, à bâtir des chaînes d’approvisionnement, débloquer de nouvelles sources de revenus et créer des marchés d’exportation avant les autres.
Viser la première place
Bien que la course à la carboneutralité paraisse en contradiction avec les moteurs économiques régionaux traditionnels que sont le pétrole et le gaz, une nouvelle génération d’utilisateurs finaux industriels et de consommateurs locaux se pointe à l’horizon. Augmenter la production pour répondre à cette demande aujourd’hui pourrait bien signifier que les pays du CCG mèneront le bal de l’exportation d’énergie pendant de nombreuses années.
La création d’un environnement d’affaires ouvert, efficace et mondialement intégré revêt une importance cruciale. Cela témoignera de l’énorme potentiel qu’une industrie de l’hydrogène développée localement peut constituer pour l’ensemble de la région.
Devenir le plus grand exportateur net d’hydrogène représente une tâche colossale. De nouvelles infrastructures seront requises pour soutenir la croissance économique, aux côtés d’une main-d’œuvre stable et qualifiée.
Malgré tout, le CCG dispose d’une occasion unique de mettre cette industrie émergente sur la voie du succès dès le départ, en appliquant les leçons apprises du secteur depuis longtemps établi du pétrole et du gaz, ainsi que les technologies de mélange émergentes pour réduire les émissions de carbone.
Le développement d’une production et d’une distribution à grande échelle d’hydrogène vert et bleu est à la portée de la région. La clé du succès est d’agir rapidement, d’investir intelligemment et d’exploiter les atouts existants. Le Moyen-Orient pourra dès lors devenir la force dominante mondiale en matière d’énergie propre pour les générations à venir.