Planification d’imprévus en période d’incertitude

Messy traffic in a city

En bref

Même si une personne coincée dans un bouchon de circulation affirmera le contraire, les réseaux de transport de la majorité des grandes villes du monde gèrent relativement bien les accidents mineurs et les pics soudains de congestion. Oui, ces incidents causent irritation et retards, mais leur incidence se résorbe habituellement en une heure ou deux.

Bien que les navetteurs coincés dans les embouteillages puissent ne pas être d’accord, les réseaux de transport dans la plupart des grandes villes du monde s’en sortent généralement assez bien face à des accidents mineurs ou à des pics soudains de congestion. Oui, ces incidents peuvent causer de l’irritation et des retards, mais en général, leur impact se dissipe en une heure ou deux.

Mais qu’arrive-t-il lorsqu’un événement imprévu de plus grande envergure et à fortes répercussions touche le réseau de transport, comme un cyclone, un incident majeur de sécurité ou une crue soudaine? Les conséquences sont parfois bien plus graves et durables, pouvant aller jusqu’à la paralysie de la ville, étant donné que tous les secteurs d’activités dépendent d’un réseau de transport fonctionnel.

Les changements sociétaux et la fréquence accrue de phénomènes météorologiques extrêmes font partie des nombreux facteurs qui entraînent un nombre toujours croissant de défis pour les réseaux de transport. Ces incidents exercent une pression sur le réseau en matière de capacité, d’opérations, de congestion, de demandes et de sécurité.

Il est impossible de concevoir un réseau de transport qui tient compte de tous les imprévus possibles. Une ville doit donc disposer de plans pratiques et pragmatiques qui maintiennent ses activités pour les moments où ces imprévus surviennent. 

Par exemple, si un centre de contrôle de la circulation ferroviaire est hors service, il faut intervenir de manière à amener le trop-plein d’utilisateurs et d’utilisatrices à se tourner vers d’autres modes de transport, comme les autobus, les voitures et les tramways. Dans cette situation, il peut s’agir d’une quantité énorme de personnes, et la solution doit tenir compte des exigences de mise en file de celles-ci, de la manière de les amener vers les arrêts d’autobus de remplacement, du nombre nécessaire d’autobus de remplacement ainsi que de l’incidence des véhicules supplémentaires et de la demande sur la circulation actuelle sur le réseau routier. Évidemment, chaque élément du plan doit accorder la priorité à la sécurité de toutes les personnes impliquées. 

Pour cet exemple, la meilleure manière de déterminer le nombre d’utilisateurs et d’utilisatrices qu’il est possible d’amener à utiliser d’autres modes de transport, comme les autobus, les voitures et les tramways, consiste à modéliser les scénarios et à les mettre à l’essai. Il faut également tenir compte de l’incidence d’une demande accrue sur les infrastructures de déplacement actif. L’expérience nous a appris que de nombreuses villes sont vulnérables en raison d’un manque de planification d’urgence pour le secteur des transports. Si des plans sont en place, ils sont souvent désuets ou ne correspondent plus aux circonstances actuelles. 

Pour les villes qui souhaitent améliorer leur capacité à intervenir face aux imprévus, voici plusieurs étapes clés à envisager.

Audit et analyse des écarts

Une bonne première étape consiste à effectuer un audit des politiques et procédures existantes pour les différents modes et réseaux de transport. Celui-ci devrait mener à une analyse des écarts.

Cette analyse est l’élément le plus important dans la résolution de problèmes d’un réseau de transport, car elle révèle ce qui est bien géré, ce qui doit être réglé et ce qui doit être mis à jour.

La détermination de toutes les parties prenantes est un aspect clé de l’analyse des écarts. Il faut étudier toutes les parties prenantes impliquées, comme les conseils, les ministères, les services d’urgence ainsi que l’ensemble des utilisateurs et utilisatrices des transports. Plus particulièrement, la coordination des services d’urgence et les mesures favorisant le transport sont essentielles à tout plan.

La possibilité d’évacuations d’envergure, comme en cas d’incident grave lié à la sécurité ou de catastrophe naturelle, mérite une attention particulière, car ces situations représentent les plus gros événements en matière de circulation.

Lors d’une évacuation, il faut tenir compte des besoins de tous et de toutes, y compris les enfants ainsi que les personnes âgées et en situation de handicap.

Planification de scénarios

Une fois les parties prenantes déterminées, il faut établir les scénarios possibles de risque et de danger. Ces scénarios et les interventions prévues peuvent être mis à l’épreuve dans le cadre d’exercices de simulation. Ces derniers vont de petites discussions dans un organisme à des ateliers de grande envergure où plusieurs organismes participent. La discussion vise à mettre à l’essai, élaborer et peaufiner les interventions coordonnées possibles lors d’un imprévu. Les exercices de simulation aident à assurer un partenariat de travail coordonné afin de fournir l’intervention la plus efficace pour le public.

Modélisation

Grâce à la modélisation de la circulation et du comportement des piétons, il est possible de cerner les répercussions d’une perte d’infrastructures et de l’introduction de plans temporaires de gestion de la circulation sur un endroit précis ainsi que sur l’ensemble du réseau. Il est également possible de mettre à l’essai les plans et scénarios d’intervention potentiels par l’analyse des niveaux de circulation existants et de la croissance future du trafic. 

La modélisation des différents plans et scénarios d’intervention offre parfois un indice du meilleur plan à adopter. 

Par exemple, si un pont important, qui relie une ville et ses banlieues, est détruit, sa reconstruction risque de prendre un certain temps. Il faut donc mettre en place un plan à moyen ou à long terme. Cette modélisation met parfois en évidence l’endroit où le trafic du pont sera probablement détourné, si d’autres routes et voies piétonnières peuvent accommoder de manière adéquate et sécuritaire les personnes détournées, ainsi que les services supplémentaires nécessaires.

Partage de connaissances

Une fois les plans élaborés et adoptés, il est important de s’assurer que les bonnes personnes connaissent les bonnes informations. Il faudra peut-être extraire les éléments pertinents d’un plan pour chaque partie prenante, ou former physiquement, au besoin, les gens afin qu’ils connaissent les protocoles et les moyens de communication convenus. 

Une telle approche exige l’élaboration et la diffusion d’un cadre de communication pour les autorités responsables et les parties prenantes qui sont confrontées à des imprévus. La gestion de la demande en transport et les systèmes de transport intelligents servent notamment à assurer la gestion de la demande dans l’ensemble du réseau et à veiller à ce que le public connaisse ses options en matière de transport si un imprévu survient. 

Les grands événements prévus, comme les festivals et les événements sportifs, exigent également la mise en place de plans d’intervention robustes et intégrés et servent souvent de catalyseur pour peaufiner ou mettre à jour les plans existants de la ville en cas d’imprévu.

Conclusion

Même s’il est impossible d’être prêt(e) à toute éventualité, il est possible de mettre en place un ensemble intégré et à jour de protocoles et de plans d’urgence pour votre réseau de transport.

Dans un monde idéal, vous avez confiance en votre état de préparation et savez que vous avez posé toutes les bonnes questions. Il faut également vous assurer que les bonnes personnes connaissent les scénarios possibles ainsi que leurs tâches et leurs rôles respectifs lors d’un imprévu.

Et puisque l’environnement et la population évoluent continuellement, il faut adapter le plan en conséquence.